Asana ou posture de yoga ?


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Tableau des postures de yoga
Tableau des postures de yoga avec leur nom

Qu'est-ce qu'un asana ?


Asanas yoga Sirsasana
Magda dans une des variations de Sirsasana

Déjà, on peut dire un asana ou une asana, vu qu'il s'agit d'un terme sanskrit de genre neutre.

 

L'asana est la base du Hatha yoga, le yoga physique, corporel, qui vise à atteindre la conscience de l'Esprit en utilisant le corps comme moyen.

 

Un asana est une posture de yoga réalisée très très lentement, en pleine conscience, avec une respiration contrôlée, et qui va progressivement élever notre niveau de conscience et d'énergie.

 

Une séance de yoga est constitué d'un ensemble de postures de yoga appelées asanas. Elles sont harmonieusement juxtaposées pour produire des effets désirés sur le corps, sur la santé, le bien-être physique, émotionnel et l'apaisement du mental.

 

Selon les écoles de yoga les postures vont s'enchainer plus ou moins rapidement. On restera plus ou moins longtemps dans chaque asana, avec plus ou moins de conscience.

 

 

 

Posture de yoga / postures ordinaire


 

La posture de yoga n'est pas une posture ordinaire. C'est la raison pour laquelle elle porte un nom en sanskrit : asana.

 

Les postures ordinaires (de la vie courante) sont la plupart du temps réalisées de manière inconsciente.

 

Il suffit de faire l'exercice du "stop" pour s'en rendre compte. On programme une alarme à une certaine fréquence (toutes les 15 minutes ou toutes les heures par exemple), et dès que cette alarme sonne, où que nous nous trouvions et quoi que nous fassions, on arrête totalement de bouger pour observer comment on est : sa position, sa respiration, son état d'esprit.

 

Il est souvent très surprenant de se rendre compte que :

  • on n'est pas vraiment là, présent et conscient de ce que nous faisons,
  • on se trouve toujours entre 2 mouvements,
  • on répète très souvent une habitude (positive ou négative) pour la Xème fois,
  • on est soit excité, soit complètement apathique, mais rarement "serein", dans un état d'équanimité,
  • nos pensées et nos croyances fonctionnent toutes seules. Elles sont automatiques et non contrôlées,
  • on est en train de ruminer des histoires du passé ou on s'inquiète de ce que nous serons dans l'avenir,
  • on est décentré, en position de déséquilibre, rarement redressé, droit, symétrique. C'est très révélateur de notre état de décentrement quasi permanent,
  • on respire à peine, souvent par la bouche plutôt que par le nez,
  • on respire très mal, sans vider les poumons. Ceux-ci sont en permanence remplis d'air vicié, c'est à dire d'air qui n'a pas été expulsé par de longues expirations, lentes et profondes.

La posture de yoga va nous habituer à ramener la conscience à l'intérieur du corps. Elle nous incarne dans le présent, dans la sensation physique de ce que nous sommes actuellement, ici et maintenant.

 

Peu importe alors ce que nous sommes. Grand, petit, gros, maigre, beau ou disgracieux (à nos yeux), jeune ou vieux, raide ou souple. Ce n'est pas important. L'important c'est d'être dans la posture de yoga; et de se sentir être, le plus longtemps possible. Lâcher les idées préconçues pour être complètement ce que nous sommes. Totalement s'accepter dans ses limites. Ne pas chercher à être autre chose que ce que nous sommes. Chacun est unique, avec toutes ses qualités et ce qu'il croit être ses défauts.

 

C'est pour cela qu'il faut rester longtemps et sans bouger dans les asanas. Et quand on est là, dans sa posture de yoga, on expire profondément. Et quand les poumons sont vides vient naturellement une légère inspiration que l'on accueille comme si c'était la première (ou la dernière !) fois. On goûte cette nouvelle inspiration avec plaisir, avec délectation. C'est la source de la vie, le prana, l'énergie vitale qui va animer tout notre corps. Puis on recommence, encore et encore, en même temps que grâce à la posture de yoga, on crée des ouvertures dans tous les espaces du corps pour laisser circuler librement cette énergie vitale qui va alimenter toutes nos cellules.

 

Être nous-même et non pas l'image d'un autre que l'on admire. Nous ne ferons que très exceptionnellement les postures comme les professionnel(le)s photographiés dans les magasines de yoga. Ce n'est pas important. On ne cherche pas à être celle ou celui à qui on voudrait ressembler car nous sommes parfaits tels que nous sommes, pour accomplir ce que nous avons à faire, même si on ne s'en rend pas compte, même si on ne l'accepte pas encore.

 

Être et se sentir parfaitement à sa place à chaque instant. Être centré, équilibré, en soi, pour agir de manière juste, sans aucun préjugés, sans peur de rater quelque chose, sans peur de faire mal, sans peur de ne pas être à la hauteur.

 

Quand nous sommes unis, centré en nous-même, l'acte (ou la posture dans la séance de yoga) s'accomplit de manière juste, naturelle, sans effort important.

 

 

Distinction entre asana et posture de gymnastique


 

Les postures de yoga ne sont pas des  postures de gymnastique bien qu'elles soient toutes deux destinées à améliorer notre bien-être.

 

Les  postures de gymnastique sont efficaces pour refaire circuler l'énergie dans tout le corps, pour éliminer les toxines et pour améliorer la santé en général, surtout si on exerce un travail sédentaire. Mais la plupart du temps elles sont réalisées de manière inconsciente (en écoutant de la musique pour se distraire, ou en discutant ...). Elles nous vident bien souvent de notre énergie. Pour certains ce n'est pas un défaut. Cela peut même être l'objectif recherché : épuiser son corps pour qu'il ne bouge plus, pour enfin ressentir une paix et une tranquillité que l'on ne trouve plus dans la vie courante, puis beaucoup manger car on a faim et s'endormir "d'un sommeil de plomb".

 

Au lieu d'éveiller sa conscience, on l'endort : pour ne plus penser à tous ses soucis quotidiens, pour ne plus devoir faire face à ses problèmes de conscience ou pour ne plus devoir répondre à ses questions existentielles : d'où je viens, pourquoi ? que fais je ici ? où irai-je quand je serai mort ?  Ça peut fonctionner un certain temps, ... jusqu'à ce qu'un accident de la vie (maladie grave, accident, séparation, perte d'un emploi ou d'un être cher, ...) nous ramène à la réalité.

 

Une musculature excessive et non compensée par des étirements appropriés va former une sorte de carapace protectrice et rassurante. JE deviens invulnérable ! Les postures de gymnastique développent l'ego : regardez comme JE suis fort, comme JE suis beau ! JE suis invincible, le meilleur ! Regardez ce que JE suis capable de faire : J'ai couru ou parcouru xxx kilomètres, à telle vitesse, j'arrive à soulever xx kilos 10, 20, 50 fois de suite ! JE suis impressionnant, n'est-ce pas ? Admirez-moi, AIMEZ-MOI surtout (j'en ai tant besoin !) ... On retrouve aussi cela chez de nombreux pratiquants de yoga, mais au bout d'un moment ils deviennent conscients de tous ces processus égotiques et finissent par s'intéresser à autre chose de plus important, de plus profond.

 

Les postures de gymnastique vont parfois excessivement fatiguer le corps au lieu de le régénérer. Combien de grands sportifs ont-ils mal au dos, ou aux hanches ! Leur colonne vertébrale est usée, leurs disques intervertébraux écrasés. L'arthrose s'installe souvent trop rapidement chez des personnes encore jeunes. Puis ils bougent moins. Leur santé devient précaire. Alors ils arrêtent tout, mangent souvent excessivement pour compenser leur manque d'activité et ... tombent malade.

 

Les postures de yoga vont au contraire nous ré-équilibrer. Elles vont assouplir les parties du corps devenues trop raides, ré-allonger les muscles raccourcis et raffermir, muscler les parties du corps qui en ont besoin. La santé vient (en partie) du juste équilibre entre la force et la souplesse.

 

De nombreuses postures se font en appui sur les mains posées au sol. Pour de nombreuses femmes et quelques hommes non entrainés, la posture de la planche (mains posées sur le sol sous les épaules, bras verticaux, corps incliné posé sur la pointe des pieds, jambes, dos et tête alignés) est une posture très difficile à faire, car les bras et les abdominaux sont souvent trop faibles.

Pour beaucoup de débutants il n'est pas possible de stabiliser cette posture plus de 15 secondes. La respiration est courte, saccadée et difficile. Les choses s'arrangent assez rapidement après un peu de pratique du yoga. Cette asana fait partie des postures de yoga de base, qui vont préparer des postures plus exigeantes. Certains la réalise chaque jour dans la Salutation au soleil, enchainement de 12 postures répété plusieurs fois de suite, accompagné de respirations puissantes.

 

Ensuite on va apprendre à plier les bras dans cette position pour amener le corps parallèle au sol (toujours sur la pointe des pieds). Là, ça se complique pour beaucoup de femmes qui découvrent qu'elles ont des muscles sous les bras, entre les coudes et les aisselles ! Les triceps (c'est leur nom) sont quasiment inexistants ou très atrophiés chez beaucoup de personnes. Avec un peu de pratique, ces muscles vont retrouver leur existence naturelle et il sera alors possible de faire correctement la posture de adho mukha swanasana (chien tête en bas - V inversé en appui sur les mains, bassin en l'air, bras et dos alignés) voire la posture de chaturanga dandasana (bras pliés, corps parallèle au sol, en appui sur les mains et sur les orteils). Les efforts dans la posture vont progressivement diminuer, puis au bout de plusieurs mois, il sera possible de rester dans cette posture pendant quelques secondes tout en maintenant une respiration tranquille.

 

Tant que les bras n'ont pas retrouvés leur puissance naturelle, il n'est pas envisageable de faire sereinement les équilibres en appui sur les mains, ou les postures inversées telles que adho mukha vrksasana (mains posées au pied d'un mur, jambes verticales sur le mur, ). Pourtant, avec un peu d'entrainement et une musculature équilibrée, cette posture devient accessible à beaucoup de personnes. Les étudiants plus avancés arriveront ensuite à quitter le mur, voire à monter directement dans cette posture sans appui, au centre d'une pièce.

 

Contrairement à une idée répandue, le yoga muscle le corps et beaucoup de yogis sont des gens musclés. Mais au lieu d'avoir des muscles courts et arrondis comme ceux des gymnastes, ils ont des muscles long et effilés, dans un équilibre corporel harmonieux.

 

 

La stabilité dans la posture de yoga


 

Le célèbre sutra (verset d'un des textes traditionnels du yoga) de Patanjali : sthira sukham âsanam, est le fondement de la pratique du yoga physique (Hatha Yoga).

  • sthira : ferme, stable
  • sukham : (et) confortable, aisé
  • âsanam : posture

Il peut être traduit de la manière suivante :

L’asana doit être stable et aisé (ou ferme et agréable).

 

autre traduction :

L’asana est l’état d’être établi en soi avec fermeté (sthira) et aisance (sukha).

 

Les postures deviennent des asanas quand on les stabilise. L'asana est l'expérience de ce qui arrive quand le corps devient stable et l'esprit calme. C'est seulement quand le corps est parfaitement stable, lorsque tout devient parfaitement tranquille et pacifié, lorsque tout s'arrête à l'intérieur de nous, que le mental et la conscience du mental peuvent aussi se stabiliser.

Et là, on fait des expériences de conscience formidables mais difficilement descriptibles car très personnelles ...

 

Une asana est souvent une position difficile à tenir (au début tout du moins). En pratiquant patiemment et régulièrement, les étudiants du yoga arrivent progressivement à la maintenir les postures de manière stable, ferme et aisée et en toute conscience, tout en respirant tranquillement. A ce moment l'activité mentale se stabilise et l'asana se réalise.

 

Les pratiquants avancés expérimentent qu'en yoga on ne fait pas une posture. Quand on est profondément engagé dans une asana, c'est l'asana qui nous fait. La posture ne devient qu'un prétexte à l'éveil de la conscience. La pratique assidue du yoga, répétée régulièrement, avec patience et avec persévérance, nous transforme lentement mais surement.

 

Le  maintien dans la pose (asana) développe une qualité importante, utile dans tous les domaines de notre existence : la volonté.

  • volonté d'aller suivre un cours régulièrement,
  • volonté de réserver du temps pour faire sa séance personnelle plutôt que d'aller vers toute autre activité qui nous intéresserait davantage (juste à ce moment là, comme par hasard ! )
  • volonté de s'installer sur son tapis, seul, pour faire des efforts sans que personne ne nous y oblige.

Ce n'est pas facile comme chacun peut s'en rendre compte. C'est pour cela qu'on a besoin de cours et d'entraineur (le professeur). Mais ce n'est pas une raison pour abandonner ce merveilleux voyage vers le centre de l’Être, car cet effort en vaut la peine et il est souvent récompensé. La paradoxe est que pour atteindre cette récompense, il faut abandonner toute idée, tout désir d'être récompensé. Pratiquer, pratiquer et pratiquer. sans jamais rien attendre en retour.

 

D'ailleurs il n'y a rien à chercher. Chercher voudrait dire qu'il y a quelque chose d'autre à trouver que ce qui est là, en nous et avec nous à un moment donné. Alors que tout est là, présent à chaque instant, et absolument juste et parfait car étant le résultat de tout ce qu'il y a eu dans le passé pour nous amener exactement là où nous en sommes aujourd'hui. Il n'y a rien d'autre à trouver que ce qui est déjà là, dans l'éternel présent de ce que nous sommes.

 

Juste être, relié à ce qui est plus grand que nous, observer, ressentir, remercier ...

 

Souvenez-vous :

"Tant que l'on bouge on fait de la gymnastique. Quand tout devient stable, .... on commence à faire du yoga ! "

 

 et pour citer B.K.S. Iyengar :

“Même dans des asanas très simples, on expérimente les trois niveaux de la quête : la quête externe qui apporte la fermeté du corps, la quête interne qui apporte la stabilité de l'intelligence, et la recherche la plus intime qui apporte la bienveillance de l'esprit."  Autres citations de B.K.S. Iyengar

 

 

Postures de yoga Iyengar


 

Trouvez de l'inspiration pour renouveler votre séquence d'asanas avec le tableau du haut de cette page représentant 105 postures de yoga avec leurs noms en sanskrit ou en anglais pour certains.

Certaines de ces postures sont impossibles à réaliser pour des débutants. Il ne faut surtout pas se dire que l'on n'y parviendra jamais et que le yoga n'est pas fait pour vous.

 

Dans la méthode Iyengar® l'approche de ces postures est progressive et se fait en utilisant de nombreux supports (briques, sangles, ...). Cela permet d'aller dès le départ et tout en restant calme, vers la forme finale des postures. On peut y rester plus longtemps et ainsi en retirer les principaux bénéfices.

 

Les supports utilisés au début sont petit à petit supprimés et les postures sont tenues de plus en plus longtemps, avec moins d'efforts.

 

Comme vous pouvez le constater sur ce tableau, les postures sont très diverses et sollicitent toutes les parties du corps sans exception. Un débutant ne sait pas s'il a la capacité de réaliser telle ou telle posture et peut s'il étudie seul, se blesser gravement.

 

B.K.S. Iyengar a eu le génie de classer les postures selon leurs type, dans un ordre de difficulté progressif.

On trouvera ainsi des postures :

  • debout pour la revitalisation en général,
  • en flexions vers l'avant pour la réduction du stress,
  • en extensions vers l'arrière pour un éveil énergétique,
  • en inversion pour explorer de nouvelles sensations et rééquilibrer les flux sanguin, lymphatique et énergétiques,
  • de détente profonde, préparant le corps à l'étude du pranayama (allongement et conscientisation du souffle) menant l'esprit vers l'état de méditation.

 

Jean-Louis Lepreux

professeur au Studio Yoga République